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Celle que vous croyez 2019
Titre original: Celle que vous croyezSortie: 2019-02-27
Durée: 101 Minutes
Score: 6.5
Genres: Drame, Romance
Etoiles:
Langue originale: Français
Mots-clés:
Synopsis: Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels. Une histoire vertigineuse où réalité et mensonge se confondent.
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Celle que vous croyez synopsis :
Car Claire Millaud est (encore) belle à cinquante ans, sauf qu’elle a besoin, un besoin aussi urgent qu’expiatoire, qu’on le lui dise, qu’on le lui prouve ; mère de deux garçons qui ne la comprennent guère, séparée d’un mari qui lui a préféré une petite jeune, Claire ne peut se contenter de ses amis et de sa brillante situation d’universitaire spécialisée dans la littérature comparée (option Choderlos de Laclos, vous voyez la référence ?). Elle couche donc avec Ludo, fougueux architecte qui, s’il la satisfait sur le plan physique, tarde à donner de l’épaisseur à leur relation. Si bien qu’elle va user des réseaux sociaux (au départ Facebook, qu’elle maîtrise – ce qui colle bien au statut de « réseau pour vieux » de ce déjà vénérable ancêtre de Twitter et autre WhatsApp) pour déterminer si le bonhomme ne lui cache rien. C’est ainsi qu’elle va s’intéresser à Alex, le photographe colocataire de Ludo. Et pour l’alpaguer, quoi de mieux qu’un faux profil ? Elle met ainsi le doigt dans un engrenage retors : de Claire, professeure quinqua, elle devient Clara, accorte blonde de 24 ans. Le contact s’établit, les dialogues, au départ innocents, s’ensuivent. La curiosité d’Alex, visiblement émoustillé par l’énigmatique Clara, se transforme peu à peu en investigation coquine. Et Claire, le double réel de la Clara virtuelle, de perdre progressivement pied en jouissant de cette cour de plus en plus effrénée qui lui permet de retrouver le goût de séduire, de plaire, d’être femme et d’être aimée. Jusqu’au moment, attendu, fatal, où il va bien falloir prendre contact. De visu. En chair et en os. Et là, le bel échafaudage électronique qu’elle a patiemment monté va trembler sur ses très fragiles fondations…
Dans ce jeu de dupes, le dupé ne s’avèrera pas forcément celui qu’on croit. Car si la progression de l’intrigue, très formelle et cohérente, n’étonne guère, elle montre très vite des signes d’essoufflement alors même que le film n’en est qu’à la moitié : soit cela va trop vite et on s’expose à une fin languissante, soit le scénariste en a sous la pédale et les seconds rôles vont s’avérer plus importants que prévus. C’est que ce qu’on a vu jusque lors n’est que ce qu’en raconte la principale protagoniste, au passé : car Claire consulte un psy, le Dr Bormans, qui remplace son praticien habituel, et à laquelle elle va donc narrer – sans forcément tout dire – ce qui lui est arrivé. Mais, et si ce qu’elle en avait dit s’était déroulé autrement ? C’est à ce moment que le réalisateur, non sans une certaine espièglerie, nous sort de son chapeau une sorte de « What if ? » d’une exquise poésie.
Et là encore, nous n’en avons pas terminé avec l’histoire. Car d’autres ont encore leur mot à dire, et Claire devra forcément payer pour les règles qu’elle a enfreintes.
Juliette Binoche, qui a accepté le rôle après une simple lecture, est d’une remarquable évidence : si elle semble montrer un soupçon d’artificialité en tant que professeure, elle rayonne dans celui de cette femme au carrefour de son existence, bouillonnante d’énergie, manquant de tendresse, seule au milieu des siens. Comme souvent, elle ne recule devant aucun artifice, aucune censure et n’hésite pas à se révéler dans les failles, la fragilité et les stigmates de l’âge, femme épanouie encore séduisante mais sentant sur elle l’ombre de la vieillesse. Dans ses hésitations, ses larmes et ses orgasmes, elle campe une Claire émouvante par ses choix, forcément mauvais (car on s’attend au pire) mais toujours excusables. En face d’elle, la solennité hiératique de Nicole Garcia font d’elle la parfaite interlocutrice quasi-muette du psychiatre attentif, capable de rester stoïque devant les interrogations incessantes de cette patiente soudain trop exaltée au point d’en être presque indécente. Lorsque ses silences s’attardent, on devine que le coup a porté, qu’une pique a trouvé son chemin et le défaut de son armure de médecin. Deux comédiennes au sommet de leur art auxquelles répond un François Civil décidément plus que prometteur, au charme fou, nanti d’un réel magnétisme.
La réalisation s’appuie sur un tempo doucereux, tour à tour cotonneux et vibratoire, à l’unisson d’une très belle partition d’Ibrahim Maalouf qui passe aisément d’une petite ritournelle au piano à de profondes envolées lyriques aptes à conférer plus de profondeur aux scènes ainsi ornées. A saluer aussi le savant jeu de reflets et de miroirs auquel s’adonnent le chef opérateur, Gilles Porte et son réalisateur, histoire de densifier quelque peu le propos par une symbolisation active. Et honnêtement, en dehors de quelques facilités scénaristiques tout à fait acceptables, ce film représente une vraie bonne surprise, un thriller psychologique doté de rebondissements de bon aloi qui rehaussent le propos, regonflent l’intérêt du spectateur et redonne du tonus à son déroulement.